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On se remet en rang !

Une chance sur deux

Le jour où on m'a dit que j'étais exceptionnelle

C'était 48h après ma biopsie. J'avais rendez-vous avec le Dr S. dans Paris. Je n’étais pas seule, mon mari m’accompagnait.

Ça bouillonnait dans ma tête, tout se bousculait : les questions pratiques, les questions techniques ; un mélange d’excitation et d’appréhension car je savais qu’à CE rendez-vous j’aurais les résultats de la biopsie. Je saurais enfin ce que j’ai. On me dirait ce que j’ai, LE MOT que je redoutais tant… Le verdict allait tomber. Dans une petite partie de ma tête j’étais persuadée que ce qui ressemblait plus à un mauvais rêve depuis 72h allait s’arrêter…

Ça ne peut pas encore être un cancer, c’était déjà exceptionnel d’avoir un cancer de la thyroïde à 28 ans, alors là, un cancer du sein à 30 ans ! NON ! impossible… en plus c’est pour les vieux les cancers, c’est pour les mourants, moi je ne suis pas mourante, je suis en pleine forme et je pars en vacances à la fin de la semaine !!!

Je me souviens que c’était dans l’après-midi, il faisait très beau. Nous n’avions pas attendu trop longtemps dans la salle d’attente – je n’étais pas particulièrement agacée.

Le médecin a lu mon dossier, m’a regardé dans les yeux avec une empathie non feinte et m’a demandé de lui raconter le sujet de ma venue. En énumérant mon parcours (de santé) il a commenté : “Dis donc, vous êtes exceptionnelle ! ça n’est pas anodin d’avoir eu deux cancers à votre âge ! encore plus après une grossesse rapprochée !"

Et bien voilà, c’était lancé, je suis exceptionnelle ! Je n’ai pas l’habitude qu’on me dise que je suis exceptionnelle, surtout dans ces conditions. Moi j’aimerai être exceptionnelle dans d'autres domaines…

Je commençais à comprendre cette prise en charge si rapide, ces passe-droits que j’avais eus depuis le début de la semaine. C’est parce que je suis exceptionnelle !

Mais l’exception n’était pas un plus dans mon cas… J’aurais préféré ne pas me faire remarquer...

Depuis 2 jours, je cogitais énormément, je me renseignais, j’imaginais tous les scenarii.

Donc quand il m’a dit que la biopsie avait décelé une tumeur cancéreuse, je n’ai pas bronché. J’ai encaissé. Quand il m’a dit qu’il y avait également plusieurs foyers potentiellement cancéreux tout autour, je n’ai pas bronché, j’ai encaissé. Quand il m’a dit ensuite que dans ces conditions je n’avais pas le choix, il devait m’enlever complétement le sein gauche… là je commençais à écarquiller les yeux…quand il m’a montré avec un stylo sur moi tout ce qu’il allait enlever… j’ai encaissé, mais je crois que physiquement je m’enfonçais de plus en plus dans mon siège…

Quand ensuite il a enchaîné en m’énonçant le traitement de chimiothérapie de 6 mois qui, entre autre, me ferait perdre mes cheveux, j’ai encaissé, mais je devais être au fond du fond de mon siège à ce moment-là… Quand, enfin il m’a dit que j’enchaînerai avec un traitement de radiothérapie pendant 2-3 mois et que seulement 6 mois après je pourrais songer à ma reconstruction – quand j’ai réalisé que le cauchemar allait durer plus d’un an, là je suis tombée par terre je crois…

Je n’étais pas préparée à cela – on n’est jamais préparé à cela.

J’avais une faible expérience à l’époque en matière de cancer (avec la thyroïde) et, très naïvement je pensais m’en sortir aussi facilement que pour le premier. Un problème (en l’occurrence une tumeur) une chirurgie et hop on n'en parle plus. On reprend sa vie, comme si de rien n’était…

Mais là après l’annonce des traitements, des délais et de tout ce que l’on allait devoir affronter… je suis tombée…

La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est : “Comment allons-nous faire avec les enfants ?” “Comment va-t-on s’en sortir ? comment va-t-on s'occuper d'eux ? et nos vacances alors ?". Nous ne partirons pas. C'était sûr maintenant...

Ces questions n’ont pas trainé trop longtemps dans ma tête, je me suis très vite mise en mode “marathon”. Ce marathon allait commencer très vite (4 jours après !) et je devais me préparer le mieux possible.

Je devais impérativement positiver même si, à cet instant, "penser positif" était bien plus éprouvant que de sombrer : un médecin m'a dit un jour, votre cancer c'est comme un marathon : d'abord la tête dans le guidon (chimio et radiothérapie) et ensuite l'épreuve d'endurance (les 5 ans de l'hormonothérapie).

A moi de montrer que je suis une sportive qui s'ignorait jusqu'à présent...

Le jour où on m'a dit que j'étais exceptionnelle
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C
... rétrospectivement, je crois que je me suis enfoncé ds mon siege, jusqu'à tomber, en même temps que je t'ai lue ... :o/<br /> et toujours un bon choix de visuels pr illustrer :o)<br /> bisous
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