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On se remet en rang !

Une chance sur deux

Le jour où je suis devenue “maman bobos”

A force d’enchainer les opérations, les interventions, les périodes d’arrêts maladies, les traitements, les effets secondaires, je suis devenue maman bobos.

Avec ce rythme effréné depuis 2 ans et demi, je suis tout le temps soit en arrêt maladie parce que je suis fatiguée, parce que je suis en traitement, parce que je viens de me faire opérer, arrêter parce que j’ai repris le rythme d’avant mais mon corps n'a pas suivi.

Aux yeux de mes enfants, de mes deux trésors, je suis maman qui a bobos. Maman ne peut pas vous porter parce qu’elle a mal au bras. Non plus à gauche maintenant mais à droite aussi. Maman a deux bras gauches d'ailleurs. Maman est malade. Maman est fatiguée. Maman ne peut pas vous porter… Maman ne peut pas faire ci, maman ne peut pas faire ça...

Je ne pouvais même pas prendre mon plus petit dans les bras quand il se faisait mal, je ne pouvais pas le porter pour le mettre sur la table à langer à l'époque où il n'était pas encore propre. Impossible, cela me faisait trop mal. Je risquais de tout rouvrir à l’intérieur. J’aurais aimé ne pas “écouter” et les prendre quand même, malgré les mises en gardes. Mais je savais que ça n’était absolument pas raisonnable.

C’était dur pour eux. C’était dur pour moi. Ils étaient là devant moi, avec leur chagrin, ou leurs envies de faire les fous sur le lit le dimanche matin. Ils débordaient de vie, d’énergie, d’émotions. Et moi je me protégeais et j’évitais ces scènes de vie, pour ne pas me prendre un geste maladroit et qui pourrait me faire mal, je ne pouvais pas participer à ces séances de chatouilles à pleurer de rire.

Des fois je pleurais seule sous ma douche, parce que j’avais eu la frustration de ne pas avoir tenu mon rôle de mère comme je l’aurais voulu. De ne pas avoir pu profiter d'eux pleinement. Parce qu’encore une fois, je ne maîtrisais pas tout. Parce qu’encore une fois depuis le début de cette fichue maladie, j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur. Parce que je subissais cette situation, encore.

Désormais ça n’est plus comme pendant les traitements. Je vais mieux dans ma tête, j’entame une étape supplémentaire et pas la pire, j’en ai conscience.

Je me remets de chirurgies lourdes mais mon esprit est à nouveau totalement tourné vers mes enfants et mon mari. Je veux être là pour eux, pleinement.

Mon aîné m’a dit un jour : “Maman, moi j’aimais bien quand tu avais les cheveux longs, et quand tu pouvais nous porter, tout le temps.”

J’en avais marre aussi mon amour. Marre de me justifier partout tout le temps, dans tout ce que j’entreprenais. Marre d’être la maman qui avait toujours un bobo quelque part qui l’empêchait de faire ce qu’elle voulait avec vous. Marre de répéter tout le temps de faire attention parce que j’ai mal là et là. Marre de dire à mon mari de porter ce pack d’eau ou de passer l’aspirateur parce que je n’en étais même pas capable.

Pendant les traitements je n’allais pas à la piscine parce que j’avais peur du regard des autres face à mon crâne chauve. Pendant mes opérations de reconstruction, je ne pouvais pas faire de sport, et mon activité physique se résumait au départ à la marche vive. Impossible dans ces conditions de partir faire un tour de vélo avec mon fils. Impossible de porter mon fils pour le mettre sur la balançoire. Non, moi je ne pouvais pas, j’avais toujours “bobos”.

A ce propos, je me souviens de mon plus jeune fils à qui je répétais sans cesse pour qu’il comprenne que j’avais bobo au bras et au sein et que c’est pour cela que je ne pouvais malheureusement pas le prendre dans mes bras. Il comprenait, il voulait voir, je lui montrais un bout du pansement, pour que ça soit concrêt pour lui, pour qu’il voit que je ne plaisantais pas, je disais vrai, il enregistrait, sans doute.

Quelques jours avant ma deuxième intervention et alors que je pouvais le porter à nouveau (j’avais eu l’aval du docteur), mon fils réclamait les bras de ses parents parce qu’il s’était fait mal en tombant. Je m’approche de lui et lui tend machinalement mes bras en lui demandant s’il voulait venir pour que je le réconforte. Je me souviens de ses petits yeux tout embués et de ces mots murmurés entre deux sanglots : “Non, maman l’a bobos.”

Sur le moment je n’ai pas su quoi répondre, je suis restée là les bras ouverts, sans rien faire. Je savais que la semaine suivante je repartais pour 3 mois de convalescence, 3 mois sans le porter, 3 mois à lui répéter que j’avais bobo au bras, droit cette fois.

Je ne pouvais pas lui dire que je pouvais désormais le reprendre dans les bras pour effacer son chagrin, alors que la semaine suivante, il faudrait lui ré-expliquer que sa maman ne peut pas le prendre dans les bras parce qu’elle a ENCORE bobo.

Je ne voulais pas retourner dans ce circuit, j’étais fatiguée de cela. Je savais où j’allais, je savais à quoi m’attendre, mais j’étais aussi blasée. Déterminée, mais tout de même blasée. Je commençais à reprendre mes marques avec mes enfants, à reprendre ma place de mère auprès de mes enfants. Pour me réparer, pour me reconstruire, je devais être encore un peu cette "maman bobos".

Je devrais être patiente… On devrait tous patienter.

Tout redeviendra bientôt comme avant mes amours, bientôt.

Sur le sujet j'ai lu il y a quelques mois un très bon livre de deux femmes touchées par un cancer à la trentaine, qui résume bien les problématiques de jeune maman que j'ai pu rencontrer.

Le jour où je suis devenue “maman bobos”
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C
une maman bobos et frustrée parfois, je le comprends...mais une vraie maman avant tout et c'est ça le plus important, tu peux être fière..
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